mercredi 16 juillet 2008

Comment mettre fin à ce cercle vicieux

Ambohitrimanjaka, 16 juillet 2008.

Ce soir, nous avons envie de vous partager nos questionnements face au fléau de la pauvreté qui nous entoure et de vous communiquer quelques observations que nous avons réalisées et qui peuvent, selon nous, être considérées comme des causes de cette situation. Évidemment, nous vous demandons d'être tolérents envers notre réflexion, car elle n'est pas basée sur des faits incontestables, mais bien sur des observations réalisées par deux jeunes femmes qui ont des valeurs et un bagage différents du milieu à l'étude.

Comment expliquer qu'un pays aussi riche en matières premières, qui a obtenue sa pleine indépendance en 1960, ne réussi-t-il pas à trouver des solutions pour mettre un terme, ou du moins diminuer, la situation de pauvreté du pays?

Sans oublier les conséquences négatives que la colonisation, mais surtout la décolonisation, ont eu sur l'histoire du développement du Madagascar, nous croyons qu'il y a bien plus qui peut expliquer le retard de ce pays. Nous tenterons donc de répondre à cette question par trois constations déplorables que nous avons eu l'occasion de faire depuis notre arrivée en ces lieux. Tout d'abord, nous vous présenterons les conséquences négatives que peut avoir la devise mora mora sur l'évolution d'un pays, ensuite, nous aborderons la situation de corruption qui envahit les gouvernements depuis l'indépendance du pays et enfin, nous traiterons de la non participation des citoyens dans l'évolution de leur pays.

Premièrement, la devise mora mora (doucement) qui a guidé et qui guide encore aujourd'hui le comportement des malgaches a certainement contribué à la lenteur du développement de la Grande île et ainsi à la persistance de la pauvreté. Effectivement, sans vouloir faire appel à un sophisme de généralisation, cette devise est profondément encrée dans la mentalité des Malgaches. Que se soit sur la rapidité du travail, sur la vitesse à laquelle ils marchent, sur la longueur de leur pause de déjeuner, sur la capacité d'organiser un évènement, sur le temps qu'ils passent à prier et à aller à l'Église, sur leur capacité à organiser leur temps de manière efficace et à respecter les échéanciers, il est clair que cette devise a des effets réels. Cependant, est-ce une raison pour juger leur rythme de vie? Pas vraiment, car lorsque nous y pensons, pourquoi se presser lorsque la majorité d'entre eux croient en une fatalité de la vie et au fait que le Seigneur est responsable de tout? Pourquoi ces gens se démèneraient pour leur société s'ils sentent qu'ils sont les seuls à le faire?

Deuxièmement, la corruption, comme dans divers pays en développement, est omniprésente au sein des institutions gouvernementales. L'exemple le plus visible est bien entendu celui du président. Le président Marc Ramalove a le monopole, avec ses nombreuses compagnies privées, sur l'industrie laitière. De plus, il accumule sa présence dans la sphère économique en ayant des compagnies de jus, de boissons gazeuses et même de chaînes télévisées payantes. Comment un président peut-il, avec tous ces intérêts privés, abaisser les prix pour soutenir sa population? Comment un président peut-il gérer de manière objective un pays où il joue un si grand rôle dans la sphère économique? Comment un comité d'anti-corruption peut-il dénoncer ces actes et ces conflits d'intérêts si ce dernier est gérer par le président même? Une seule réponse nous vient à l'esprit: impossible. Ce gouvernement est voué à l'enrichissement d'un individu égoiste sur le dos d'une population passive. En d'autres termes, ici, le scandale des commandites aurait été chose du quotidien.

Quoi dire de cette population passive? Dans ce contexte, nous employons le terme passif dans le sens où la population de se mobilise pas afin de demander un changement qui mettrait fin à cette situation de corruption. Effectivement, les gens sont étrangement conscients de ce qui se passe au gouvernement et ils n'hésitent pas à nous en parler ouvertement. Alors pourquoi ils ne revendiquent pas un changement? Pourquoi ne sortent-ils pas dans les rues et de déclenchent-ils pas une révolution s'il le faut? Lorsque nous posons la question aux personnes qui nous entourent, ils nous répondent tous que ce n'est pas comme ça que ça se passe ici; que les gens ont peur des conséquences, d'aller en prison ou encore d'être considérer comme étant responsables. Et que dire de ces gens qui ne paient pas d'impôts en refusant tout simplement de le faire ou en ne déclarant pas ce qu'ils font? Comment alors améliorer les interventions gouvernementales si les revenus ne sont pas suffisants? Cependant, serions-nous motivés à payer des impôts lorsque nous savons très bien l'ampleur de la corruption et de l'égoisme qui habite le gouvernement de notre pays? Là est la question et c'est là que le terme cercle vicieux prend tout son sens.

En terminant, il serait une erreur de notre part de passer sous silence les conséquences que les catastrophes naturelles récurentes ont sur le développement des infrastructures des côtes. Effectivement, la Grande île subit la malheureuse visite d'une dixaine de cyclones par année, alors imaginez les effets que cela peut avoir sur la population ainsi que sur les infrastructures qui sont toujours en nouvelle reconstruction... Également, nous tenons à mentionner en gras et souligné que cet article n'enlève aucun crédit à ces hommes et femmes courageux qui se lèvent à tous les matins en ayant qu'une seule idée en tête: la survie de leur famille. De plus, cet article se verrait une honte si nous ne prenions pas le temps de souligner le dynamisme de certains jeunes adultes talentueux, comme Haja, remplis d'espoir pour leur pays et qui font tout pour prendre leur place dans la société. Enfin, il y a également ces gens du troisième âge, comme Manitrala, qui sont conscients des lacunes et des limites de leur île et qui font tout pour laisser une trace tangible de leur passage sur terre. Ces personnes nous donne espoir qu'un jour, la population se mobilisera et exigera un changement majeur dans la gestion de ce pays. Ce changement sera alors la clée de voute qui trouvera des solutions pour mettre un terme à ce cercle vicieux qui alimente la pauvreté de la population de cette Grande et magnifique île.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bonjour à vous deux, je viens de lire vos aventures depuis le début, Beaucoup de choses s'est passer à ce que je vois !!. j'espere que vous allez bien!!
J'ai hate de vous revoir !!

Mario Grondin