Ambohitrimanjaka, 11 juillet 2008
Ce matin, nous nous sommes diriges vers la commune (hôtel de ville) pour attendre la voiture qui allait nous conduire dans la commune voisine où se tenait le rassemblement pour la journée mondiale de la population. C'était vraiment un beau matin et tout le monde chantait, comme font toujours les Malgaches. Cependant, cette atmosphère positive qui planait sur nous a vite été éteindue par l'arrivée d'une voiture où un homme furieux y débarqua. Au départ, nous pensions que c'était notre chauffeur, mais pas du tout.
Cet homme s'avança vers Johny en lui criant après, en lui tirant la chemise et en le bousculant. Nous n'y comprenions rien; surtout que l'homme s'exprimait en malgache. Pourquoi un homme de près de 250 livres s'en prenait à un adolescent de 15 ans? Et tout à coup, l'homme le frappa violemment au visage. À ce moment, nous étions profondémment déstabilisées; non pas seulement par le fait que cet homme ait frappé Johny, mais bien par la vingtaine d'hommes qui étaient sur les lieux et qui refusaient d'agir. Pourquoi personne ne se portait à la défense de ce gamin?
Et là, sans même se parler, nous sommes allées près de Johny et nous nous sommes assises à ses côtés. Pourquoi? Nous ne le savons pas vraiment. Est-ce par courage? Pas du tout, car nous savions que si cette homme décidait de s'approcher de Johny, nous allions assurément s'interposer et ainsi en subir les conséquences. Cependant, nous devions agir afin de protéger cet enfant que nous aimons tant. Dieu merci, après quelques instants, l'homme a quitté les lieux sans tenter de s'approcher à nouveau de Johny. Qu'est-ce que deux filles comme nous auraient bien pu faire pour protéger cet enfant si cet homme avait décidé de s'en approcher encore? Pas grand chose probablement, mais le sentiment d'injustice et de colère envers ces hommes passifs qui nous entouraient nous ont poussées à manifester notre désaccord face à cette situation de violence.
À la suite de ces évènements, l'émotion était palpable. L'incompréhension et la colère qui nous envahissaient nous ont poussées à questionner les adultes qui nous accompagnaient; non pas sur les raisons qui ont poussé cet homme à agir de la sorte, mais bien sur l'inaction de tous. Nous avons donc fait le malheureux apprentissage que dans la société malgache, comme dans bien d'autres également, les gens n'ont pas l'habitude de s'ingérer dans les affaires qui ne les concernent pas directement. Alors, qu'un enfant de 15 ans se fasse battre en pleine place public devant l'hôtel de ville, apparemment, ça ne concernait pas grand monde. Bon, nous n'avons pas besoin de sortir de notre pays pour faire cette malheureuse constatation, mais ce n'est pas une raison pour l'accepter. Nous croyons sincèrement qui est en notre devoir de citoyen de prendre action afin de dénoncer les injustices et de se porter à la défence de la veuve et de l'orphelin comme dirait notre mère. Ce n'est pas une question de choix, mais bien de responsabilité sociale. Ce sont probablement cette conception du citoyen ainsi que les valeurs que nos parents nous ont transmises qui nous ont amenées à agir de la sorte ce matin, mais nous croyons tout simplement que c'est le gros bon sens.
Nous avons décidé de vous partager cette mésaventure, non pas pour inquiéter nos parents, ni pour nous prouver à vous, mais bien pour vous amener à vous remettre en question face à notre rôle de citoyen.
En espérant avoir susciter une réflexion...
vendredi 11 juillet 2008
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1 commentaire:
Çà doit être tellement difficile de se sentir si impuissante ...
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